Le pr\u00e9texte de la r\u00e9habilitation<\/strong>
March Lebanon n\u2019en est pas \u00e0 son premier projet d\u2019apaisement. En 2015, l\u2019association avait mont\u00e9 une pi\u00e8ce de th\u00e9\u00e2tre intitul\u00e9e \u00ab Love and War on the Rooftops \u00bb. \u00ab Les habitants nous avaient appris qu\u2019ici, tout se passait sur les toits : les affrontements, mais aussi les rendez-vous amoureux, les amis qui se rencontraient pour jouer aux cartes\u2026 Parce qu\u2019il n\u2019y avait nulle part ailleurs pour se rencontrer \u00bb, raconte L\u00e9a Barouni. De cette anecdote est venue l\u2019id\u00e9e du caf\u00e9 \u00e0 caract\u00e8re associatif. De fil en aiguille, les discussions entre voisins et membres de l\u2019association ont d\u00e9bouch\u00e9 sur le projet de r\u00e9habilitation de Bab el-Dahab.
\u00ab La reconstruction de ces boutiques est un pr\u00e9texte, reconna\u00eet la fondatrice. Un pr\u00e9texte pour rassembler la jeunesse de ces deux quartiers, qui s\u2019\u00e9tait battue, s\u2019\u00e9tait radicalis\u00e9e, avait fait de la prison. Un pr\u00e9texte pour les former professionnellement, leur redonner de l\u2019estime de soi. \u00bb Pour elle, les racines de toute cette violence n\u2019est pas \u00e0 trouver dans l\u2019id\u00e9ologie, mais dans la pauvret\u00e9 extr\u00eame, l\u2019absence d\u2019espoir et les luttes politiciennes entre les diff\u00e9rents hommes forts de Tripoli.

\u00ab Je voyais les autres comme des ennemis \u00bb<\/strong>
Ali Amoun a retrouv\u00e9 une raison de vivre gr\u00e2ce \u00e0 ces activit\u00e9s. Sous sa chemise, une vingtaine de cicatrices, souvenirs des violents heurts entre son quartier, Jabal Mohsen, et Bab el-Tebbaneh. Isol\u00e9, il passait le plus clair de son temps avec ses amis jusqu\u2019\u00e0 ce que l\u2019un d\u2019entre eux soit tu\u00e9 par un habitant de Bab el-Tebbaneh. \u00ab Je suis arriv\u00e9 \u00e0 un point o\u00f9 non seulement je me battais, mais je me droguais aussi. Quand je n\u2019ai plus r\u00e9ussi \u00e0 trouver du travail, je suis devenu dealer. \u00bb Par la suite, il a \u00e9t\u00e9 recrut\u00e9 pour l\u2019un des r\u00f4les principaux de la pi\u00e8ce de th\u00e9\u00e2tre \u00e9crite avec March et est devenu un membre de l\u2019\u00e9quipe \u00e0 part enti\u00e8re.
De l\u2019autre c\u00f4t\u00e9 de la rue de Syrie, Yassin Sa\u00efd raconte une histoire similaire. \u00ab On me disait qu\u2019ils nous tuaient, qu\u2019il fallait voir ce qu\u2019ils faisaient \u00e0 nos familles, souligne-t-il. Je voyais les autres comme des ennemis. Je n\u2019avais jamais pens\u00e9 qu\u2019ils \u00e9taient humains, juste comme nous. Avant, ils \u00e9taient l\u2019image m\u00eame de la haine. \u00bb Lui a rejoint le projet en cours de route, motiv\u00e9 par ses amis d\u00e9j\u00e0 impliqu\u00e9s dans l\u2019association. Il a r\u00e9tabli l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 dans diff\u00e9rents magasins. Forc\u00e9 \u00e0 travailler en \u00e9quipe avec ceux qu\u2019il ha\u00efssait, il s\u2019est \u00ab rendu compte que les deux c\u00f4t\u00e9s se ressemblaient. Ce qui s\u2019est pass\u00e9 dans ma famille s\u2019est aussi pass\u00e9 dans leurs familles \u00bb, rel\u00e8ve-t-il.

Une r\u00e9habilitation cahin-caha<\/strong>
L\u2019\u00e9quipe de March est bien consciente que le travail est loin d\u2019\u00eatre fini. Certains habitants ne sont pas encore \u00e0 l\u2019aise \u00e0 l\u2019id\u00e9e d\u2019une r\u00e9conciliation. La r\u00e9habilitation continue cependant cahin-caha : une centaine de magasins sont encore \u00e0 r\u00e9nover dans les environs. Chez March, on comprend bien que l\u2019organisation ne peut pas rester ind\u00e9finiment le seul garant de la paix entre les diff\u00e9rentes communaut\u00e9s. Pour L\u00e9a Baroudi, c\u2019est un probl\u00e8me que le gouvernement libanais doit r\u00e9soudre, en luttant contre la marginalisation du quartier et les tensions politiques locales. Elle ne nourrit pourtant que peu d\u2019espoir en sa capacit\u00e9 \u00e0 intervenir durablement. \u00ab Je crois au changement par les individus. On ne peut pas contr\u00f4ler tous les d\u00e9bordements, mais au moins, 300 jeunes qui se seraient battus avant ne le feront plus \u00bb, d\u00e9clare-t-elle en conclusion.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

D\u2019anciens combattants des quartiers de Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen, \u00e0 Tripoli, ont reconstruit plus de 200 boutiques ravag\u00e9es par les conflits, dans le cadre d\u2019un projet de l\u2019association March. OLJ \/ Par Marion LEFEVRE, le 26 juin 2018 \u00e0 00h00 \u00ab Avant Bab el-Dahab, les jeunes n\u2019avaient jamais eu l\u2019opportunit\u00e9 de r\u00e9ussir. \u00bb L\u00e9a Baroudi, directrice de […]<\/p>\n","protected":false},"author":4,"featured_media":8161,"parent":0,"menu_order":0,"comment_status":"closed","ping_status":"open","template":"","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_vp_format_video_url":"","_vp_image_focal_point":[],"footnotes":""},"categories":[39,38,35],"tags":[58,124,120,65,60,136,112],"class_list":["post-1319","press","type-press","status-publish","format-standard","has-post-thumbnail","hentry","category-economic-sustainability","category-rehab-youth-resilience","category-tripoli","tag-conflict-resolution","tag-lea-baroudi","tag-march-lebanon","tag-reconciliation","tag-rehabilitation","tag-vocational-training","tag-youth-rehabilitation"],"acf":[],"yoast_head":"\n